Mardi 2 avril 2013 à 9 heures, au moment du départ, nous posons pour l'histoire, pour atteindre notre but nous devrons parcourir 790 k ms. Pas question de faire le trajet en une seule fois, pour nos débuts nous avons programmé cinq étapes qui nous conduirons de Roncevaux à Los Arcos en passant par Pampelune. En tout, si tout va bien, nous aurons parcouru 125 k ms en cinq jours, pas si mal pour des débutants. Pour cette première étape vers Zubiri la météo n'est pas de la partie, au moment du départ, pour la photo souvenir il fait encore sec mais rapidement la pluie va se mettre à tomber et elle s'arrêtera un peu avant l'arrivée.
Après trois heures de marche nous perdons Bernard victime d'un ménisque récalcitrant, finalement nous serons quatre à affronter le chemin. Pour cette première étape la principale difficulté provient de l'état déplorable du chemin; après les pluies incessantes de ce début de printemps nous marchons dans la boue et souvent il est préférable de se rabattre sur la route. Dans les descentes l'exercice est délicat et il faut tout à la fois s'aider des bâtons et regarder où l'on met ses pieds pour éviter de se retrouver le nez dans la boue.
Après trois heures de marche les jambes se font lourdes et les pieds douloureux, heureusement le chemin descend doucement et les deux dernières heures ne seront pas trop pénibles même si parfois le chemin se transforme en piste de bobsleigh.
Nous rejoignons Pampelune par la route et à l'étape du soir je peux établir un premier constat. Après 25 k ms les jambes sont lourdes et les cuisses endolories mais sans rien d'excessif, par contre pas le moindre petit bobo, pas trace d'échauffement, pas l'ombre d'une ampoule au niveau des pieds. Pas question pour autant de prendre des risques, et écoutant les conseils de vieux habitués du chemin, mes pieds auront droit à un traitement de faveur à base de talc et de pommade. On remettra les sorties en boite pour une autre fois, le corps et l'esprit ont besoin d'une longue nuit de repos si le bonhomme veut reprendre la route en bon état demain matin.
Mercredi 3 avril. Ce matin Danièle et Bernard nous conduisent au pont de Zubiri, là où nous nous sommes arrêtés hier. Par chance le temps a changé, il ne fait pas franchement beau, mais la pluie a cessé et le soleil tente de timides apparitions. Le chemin longe d'un coté la rivière et de l'autre des prés où des chevaux pottoks se réchauffent au soleil.
Je suis surpris de la facilité avec laquelle nous avons repris notre marche, secrètement chacun de nous redoutait les courbatures, les tendinites et les ampoules. Pour le moment tout va bien et nous reprenons notre marche avec volonté et bonne humeur. Comme hier et comme tous les jours qui suivront nous ne sommes pas seuls. Tout le monde va dans le même sens, d'est en ouest, on ne croise personne, mais on double ceux qui marchent lentement et on est doublé par ceux qui sont pressés d'arriver. Sans être pressé d'arriver je ne marche pas lentement pour autant, je ralentis dans les montées mais aussi dans les descentes et j'accélère sur le plat. Au final je pars avec les amis, j'arrive avec eux mais jamais nous ne faisons route ensemble. Chacun marche à son rythme qui n'est pas celui de son voisin et vouloir mettre ses pas dans ceux de l'autre n'est pas possible. Au fil des étapes j'ai rencontré des espagnols de tous les ages, des jeunes retraitées françaises, des anglais, des américains, des australiens, une japonaise, un allemand tout droit débarqué de Berlin, des petits, des grands, des maigres, des gros, des jeunes, des plus vieux que nous, mais toujours des marcheurs souriants, avec un petit mot aimable pour souhaiter bon chemin ou partager des fruits secs et un peu d'eau et raconter un bout de leur histoire.
Jusqu'à Pampelune nous suivrons la rivière, nous la suivrons tellement qu'elle nous fera perdre le bon itinéraire nous obligeant à un détour de plusieurs kilomètres au milieu des faubourgs de la ville, à travers les immeubles sociaux, les jardins publics et autres complexes sportifs. Pour aller au centre de la ville, là où l'on fait tamponner la "credencial del peregrino" nous devrons après la sieste repartir à pied de l’hôtel en direction de la cathédrale. Au final, entre notre erreur d'aiguillage et notre petit supplément du soir nous aurons parcouru la plus longue étape du circuit.
A ma grande surprise mon corps et mes pieds me fichent la paix et je suis satisfait d'avoir réussi le test de l'effort. Avant le départ sans être inquiet je me demandais comment j'allais résister aux efforts répétés, après deux jours l'inquiétude s'estompe et sauf incident ou accident j'ai la conviction de pouvoir arriver au but
Jeudi 4 avril.
Ce matin tout va bien sauf le temps. Le ciel est bas et le thermomètre pas bien haut, l’ascension du col du pardon ne s'annonce pas comme une partie de plaisir. Nos chauffeurs nous conduisent à l'université de Pampelune, point de départ de l'étape. La première partie n'est pas très agréable, nous marchons dans la banlieue, au milieu de pavillons sans intérêt. Ensuite la montée commence doucement au milieu d'un paysage vallonné et sur un chemin en bon état.Tout d'un coup tout change, le chemin est glissant et la visibilité réduite; j'entends plus que je ne vois les éoliennes installées sur la crête. Quand enfin je finis de traverser les nuages je retrouve avec joie notre voiture balai pour un bref arrêt au stand. Vidange, graissage, contrôle des pneus et avec Pat et Pedro nous entamons la descente sur un chemin caillouteux, ancien lit d'un torrent. Même si cela n'est pas très confortable cela vaut mieux que la boue de la montée.
Pour une fois nous marchons ensemble, nous accélérons le pas et atteignons rapidement Uterga, avant dernière étape du jour.
Pour ma part je commence à réfléchir à autre chose qu'aux courbatures et aux douleurs dans les jambes.
Après quatre heures de marche votre corps se rappelle à votre bon souvenir mais rien de bien grave. Les pieds se posent l'un devant l'autre automatiquement et l'esprit peut vagabonder librement. L'actualité me fournit des thèmes de réflexion mais le plus souvent je ne pense à rien, la marche a cette faculté comme le golf ou la cuisine de vous mettre en état d'apesanteur, j'ai l'impression d'être dans une bulle. Le matin, comme le lapin duracel, le corps est remonté pour l'étape du jour; l'automatisme de la marche permet à l'esprit de se libérer pour réfléchir ou pour atteindre un état d'apesanteur proche du bien être. Parfois j'ai le sentiment qu'il y a celui qui marche et celui qui pense, comme une espèce de dédoublement ou plus exactement de séparation du corps et de l'esprit. Pour en avoir parlé avec des coureurs y compris ceux du dimanche ils m'ont dit avoir déjà éprouvé pareille sensation.
Au bout de la dernière ligne droite sous un soleil timide enfin revenu notre comité d'accueil nous attend à Puente la Reina terme de l'étape du jour. Pour ne pas changer une recette gagnante je resterai fidèle aux spaghettis bolognaises et à la crème caramel.
Vendredi 5 avril.
L'étape du jour nous conduit de Puente la Reina à Estella.
Au réveil je constate que le miracle perdure. Après avoir lu les récits des pèlerins et les souffrances endurées dues à l'état détestable de leurs pieds je suis surpris que les miens soient aussi frais qu'au premier jour. Bien sur tous les soirs je leur apporte toute l'attention qu'ils méritent en oubliant jamais qu'ils sont l'outil du marcheur Je les masse avec une pommade ad hoc, je les saupoudre de talc et autant que je peux je marche pieds nus. Grâce à ce traitement de faveur mes pieds sont comme au premier jour et j'espère les tenir dans cet état jusqu'à l'arrivée.
Comme souvent la sortie des villes, petites ou grandes, est sans intérêt; il faut traverser au mieux des zones pavillonnaires et au pire des zones industrielles.
Heureusement pour nous rapidement nous sommes au milieu de la campagne et commence alors la véritable magie du chemin. Les amis ne sont jamais loin, souvent je les vois trente mètres devant ou cent mètres derrière, on double, on est doublé par d'autres marcheurs que l'on salue et qui vous répondent et pourtant on est seul avec soi même. Pour la première fois depuis le départ je me demande pourquoi je suis venu et pourquoi je suis encore là. Les réponses sont surement multiples mais restent un mystère, personne n'ayant l'impudeur de se dévoiler. Tout le monde sait où il va et où va l'autre, l'église de Santiago, mais le pourquoi reste une énigme et je suis convaincu que chacun a une bonne explication qui n'est pas celle de son voisin.
En plus on part avec une idée et en route on comprend que cette motivation n'était pas la bonne, il faut alors la magie et l'envoutement du Chemin pour que les vraies motivations fassent surface.
Parfois on se retrouve pour un court moment de repos, manger un fruit sec, boire un peu d'eau ou faire une photo, et puis après dix minutes d'arrêt chacun reprend sa marche, seul comme si cette solitude acceptée était le bon moyen de s'imprégner complètement de l'effet camino.
Depuis le début de l'aventure cette étape est pour moi la plus sympa, mon corps, mes pieds et mon esprit sont en harmonie et, cerise sur le gâteau nous traversons des vignobles avec de loin en loin des bodegas qui ne demandent rien d'autre que de nous accueillir. Pas question pour autant de succomber aux tentations de Bacchus, boire ou marcher il faut choisir et pour une fois j'ai choisi de marcher mais je ne dis pas qu'un jour prochain je ne reviendrai pas pour une une autre activité.
L’arrivée à Estella se fait par le chemin qui passe devant l'église du Saint Sépulcre, ensuite il faut suivre un peu la rivière, tourner à droite, traverser le pont et retrouver notre voiture balai et ses gentils conducteurs toujours attentifs à nous apporter soutien et assistance.
Pour remettre le pèlerin marcheur que je suis en bon état rien ne vaut de bonnes spaghettis bolognaises et une crème caramel, une petite sieste, une bonne douche, un massage des pieds ensuite le bonhomme est prêt pour partir à la découverte de la ville qui compte douze mille habitants, presque autant de marches, une bonne douzaine d'église et un palais royal. Après avoir avoir visité l'église principale, fait le tour des places, nous finirons par nous réfugier dans un bar à tapas pour un dîner typique arrosé de vins locaux. La conversation tourne autour de la météo du lendemain qui nous annonce des catastrophes, à en croire les prévisions neige, pluie et vent sont au programme. Mais demain est un autre jour et les pèlerins marcheurs que nous sommes devenus ne vont pas se laisser impressionner par des prévisions surement pessimistes.
Après trois heures de marche nous perdons Bernard victime d'un ménisque récalcitrant, finalement nous serons quatre à affronter le chemin. Pour cette première étape la principale difficulté provient de l'état déplorable du chemin; après les pluies incessantes de ce début de printemps nous marchons dans la boue et souvent il est préférable de se rabattre sur la route. Dans les descentes l'exercice est délicat et il faut tout à la fois s'aider des bâtons et regarder où l'on met ses pieds pour éviter de se retrouver le nez dans la boue.
Après trois heures de marche les jambes se font lourdes et les pieds douloureux, heureusement le chemin descend doucement et les deux dernières heures ne seront pas trop pénibles même si parfois le chemin se transforme en piste de bobsleigh.
ravitaillement auprès de la voiture balai |
Nous rejoignons Pampelune par la route et à l'étape du soir je peux établir un premier constat. Après 25 k ms les jambes sont lourdes et les cuisses endolories mais sans rien d'excessif, par contre pas le moindre petit bobo, pas trace d'échauffement, pas l'ombre d'une ampoule au niveau des pieds. Pas question pour autant de prendre des risques, et écoutant les conseils de vieux habitués du chemin, mes pieds auront droit à un traitement de faveur à base de talc et de pommade. On remettra les sorties en boite pour une autre fois, le corps et l'esprit ont besoin d'une longue nuit de repos si le bonhomme veut reprendre la route en bon état demain matin.
Mercredi 3 avril. Ce matin Danièle et Bernard nous conduisent au pont de Zubiri, là où nous nous sommes arrêtés hier. Par chance le temps a changé, il ne fait pas franchement beau, mais la pluie a cessé et le soleil tente de timides apparitions. Le chemin longe d'un coté la rivière et de l'autre des prés où des chevaux pottoks se réchauffent au soleil.
Le cheval pottok, typique du pays basque |
Jusqu'à Pampelune nous suivrons la rivière, nous la suivrons tellement qu'elle nous fera perdre le bon itinéraire nous obligeant à un détour de plusieurs kilomètres au milieu des faubourgs de la ville, à travers les immeubles sociaux, les jardins publics et autres complexes sportifs. Pour aller au centre de la ville, là où l'on fait tamponner la "credencial del peregrino" nous devrons après la sieste repartir à pied de l’hôtel en direction de la cathédrale. Au final, entre notre erreur d'aiguillage et notre petit supplément du soir nous aurons parcouru la plus longue étape du circuit.
A ma grande surprise mon corps et mes pieds me fichent la paix et je suis satisfait d'avoir réussi le test de l'effort. Avant le départ sans être inquiet je me demandais comment j'allais résister aux efforts répétés, après deux jours l'inquiétude s'estompe et sauf incident ou accident j'ai la conviction de pouvoir arriver au but
Jeudi 4 avril.
L'église de Zariquiegui |
Les éoliennes du col du Pardon |
La fresque en haut du col |
La mairie d'Uterga |
Pour une fois nous marchons ensemble, nous accélérons le pas et atteignons rapidement Uterga, avant dernière étape du jour.
Pour ma part je commence à réfléchir à autre chose qu'aux courbatures et aux douleurs dans les jambes.
Pat et Pedro sous le soleil revenu |
Au bout de la dernière ligne droite sous un soleil timide enfin revenu notre comité d'accueil nous attend à Puente la Reina terme de l'étape du jour. Pour ne pas changer une recette gagnante je resterai fidèle aux spaghettis bolognaises et à la crème caramel.
Vendredi 5 avril.
L'étape du jour nous conduit de Puente la Reina à Estella.
Ne pas oublier de remplir sa bouteille |
Le pont de Lorca |
Les rues de Cirauqui |
Heureusement pour nous rapidement nous sommes au milieu de la campagne et commence alors la véritable magie du chemin. Les amis ne sont jamais loin, souvent je les vois trente mètres devant ou cent mètres derrière, on double, on est doublé par d'autres marcheurs que l'on salue et qui vous répondent et pourtant on est seul avec soi même. Pour la première fois depuis le départ je me demande pourquoi je suis venu et pourquoi je suis encore là. Les réponses sont surement multiples mais restent un mystère, personne n'ayant l'impudeur de se dévoiler. Tout le monde sait où il va et où va l'autre, l'église de Santiago, mais le pourquoi reste une énigme et je suis convaincu que chacun a une bonne explication qui n'est pas celle de son voisin.
En plus on part avec une idée et en route on comprend que cette motivation n'était pas la bonne, il faut alors la magie et l'envoutement du Chemin pour que les vraies motivations fassent surface.
Parfois on se retrouve pour un court moment de repos, manger un fruit sec, boire un peu d'eau ou faire une photo, et puis après dix minutes d'arrêt chacun reprend sa marche, seul comme si cette solitude acceptée était le bon moyen de s'imprégner complètement de l'effet camino.
Depuis le début de l'aventure cette étape est pour moi la plus sympa, mon corps, mes pieds et mon esprit sont en harmonie et, cerise sur le gâteau nous traversons des vignobles avec de loin en loin des bodegas qui ne demandent rien d'autre que de nous accueillir. Pas question pour autant de succomber aux tentations de Bacchus, boire ou marcher il faut choisir et pour une fois j'ai choisi de marcher mais je ne dis pas qu'un jour prochain je ne reviendrai pas pour une une autre activité.
Les apôtres du porche du Saint Sépulcre. |
Pour remettre le pèlerin marcheur que je suis en bon état rien ne vaut de bonnes spaghettis bolognaises et une crème caramel, une petite sieste, une bonne douche, un massage des pieds ensuite le bonhomme est prêt pour partir à la découverte de la ville qui compte douze mille habitants, presque autant de marches, une bonne douzaine d'église et un palais royal. Après avoir avoir visité l'église principale, fait le tour des places, nous finirons par nous réfugier dans un bar à tapas pour un dîner typique arrosé de vins locaux. La conversation tourne autour de la météo du lendemain qui nous annonce des catastrophes, à en croire les prévisions neige, pluie et vent sont au programme. Mais demain est un autre jour et les pèlerins marcheurs que nous sommes devenus ne vont pas se laisser impressionner par des prévisions surement pessimistes.
Le porche de l'église du Saint Sépulcre |
Le palais des rois de Navarre |
L'église San Pedro de la Rua |
La place du palais |
Samedi 6 avril.
Ce matin à sept heures en ouvrant les volets je constate que pour une fois la météo avait raison, il neige. Les toitures sont blanches et les rares voitures qui roulent à cette heure matinale sont recouvertes d'une pellicule de poudre comme mes pieds avec le talc. Pas question pour autant de faire une interruption dans notre parcours, le vrai marcheur marche par tous les temps qu'il pleuve, qu’il vente ou qu'il neige. En outre, petite expérience aidant, je me demande s'il n'est pas moins pénible de marcher par temps de neige que par forte chaleur. De toutes les façons vu l'état du ciel pour les fortes chaleurs nous devrons revenir, peut être l'an prochain.
Le monastère Santa Maria d'Irache |
Comme les autres jours la sortie de la ville n'est pas une partie de plaisir, après avoir traversé la rivière et jeté un dernier regard sur l'église San Pedro de la Rua, nous attaquons une longue montée vers le monastère Santa Maria la Real d'Irache où coule une fontaine de vin rouge. La coutume veut que le pèlerin doit boire une gorgée s'il veut arriver à destination.
Parfois le vin réchauffe, mais aujourd'hui il est à la température ambiante qui ne dépasse deux petits degrés. Avec l'altitude même si nous ne sommes pas bien haut la neige tombe à nouveau et il faut sortir l'attirail de protection dont le ravissant poncho vert militaire qui vous fait ressembler à une cruche. L'habit n'est pas élégant mais il a le mérite de vous protéger du froid, du vent et des intempéries; par contre par un curieux phénomène de condensation on se retrouve rapidement avec les genoux mouillés. Je ne résiste à vous montrer notre fine équipe dans sa tenue de gala et dans un décor de sports d'hiver. Plus nous montons vers Villamayor de Monjardin plus la neige tombe en flocons serrés, ce n'est pas encore la retraite de Russie mais cela commence à y ressembler.
Nous ne sommes pas perdus, il n'y pas de loups dans la région, nous avons un minimum de provisions mais surtout nous avons chevillé au corps et à l'esprit le ferme volonté d'arriver à Los Arcos à l'heure du déjeuner. Je ne rêve pas de spaghettis bolognaises et de crème caramel mais j'avoue que par moment j'entrevois l'instant délicieux de l'arrivée d'une bonne bière moussante les deux pieds dans des pantoufles, le derrière posé sur une chaise confortable.
Avant l'étape il me reste treize kilomètres, trois petites heures en accélérant le pas. Porté par l'esprit du chemin mon allure est soutenue, Perdo cinquante mètres devant donne le rythme et je sens le souffle de Pat cent mètres derrière. A l'occasion d'un virage ou d'un lacet on voit Françoise qui tranquillement continue son parcours parfois seule mais souvent accompagnée par d'autres marcheurs. En deux heures et demi nous avalons cette dernière partie de l'étape et à l'heure prévue pour le déjeuner la pancarte Los Arcos nous accueille sous un soleil enfin revenu.
Cet après midi, tranquillement allongé sur le lit à l'heure de la sieste, je me remémore cette petite aventure de cinq jours. Sans l'avouer et même sans en parler je crois que nous sommes tous satisfaits, surpris et heureux d'avoir réussi ce qui au départ était d'abord un test physique. Nous ne sommes pas de grands sportifs et même si nous avons une condition physique acceptable affronter 125 kilomètres de chemin s'apparente à un saut dans l'inconnu. Et puis au fil des jours nous avons découvert l'envoutement du camino et le désir de continuer malgré le mauvais temps. Chacun a découvert sa motivation profonde, son petit défi intérieur pour minutes après minutes mettre un pied devant l'autre et recommencer après chaque ravitaillement mais aussi chaque matin quelque soit l'état du ciel.
Mon seul regret est de devoir arrêter, je me sentais bien et prêt à continuer comme le plongeur toujours curieux d'aller voir ce qu'il y a plus profond ou l'alpiniste désireux de découvrir ce qu'il y de l'autre coté de la montagne. Quand je suis parti même si comme tous les pèlerins marcheurs je connaissais le nom de la destination finale je ne savais pas trop où j'allais, aujourd'hui je crois savoir pourquoi et comment j'y vais et je suis frustré de devoir arrêter si vite alors que tout pousse à continuer. Bien sur on se dit qu'on repartira l'an prochain, mais demain est un autre monde et je ne sais pas si je retrouverai la motivation qui m'habite à l'instant. J'espère que oui sans avoir besoin de tout reprendre à zéro, mais je ne suis pas certain qu'il suffise de se mettre au bord d'un chemin, à coté du panneau Los Arcos pour que l'histoire reprenne là où nous venons de la terminer............
Une partie de l'équipe en tenue anti neige |
Nous ne sommes pas perdus, il n'y pas de loups dans la région, nous avons un minimum de provisions mais surtout nous avons chevillé au corps et à l'esprit le ferme volonté d'arriver à Los Arcos à l'heure du déjeuner. Je ne rêve pas de spaghettis bolognaises et de crème caramel mais j'avoue que par moment j'entrevois l'instant délicieux de l'arrivée d'une bonne bière moussante les deux pieds dans des pantoufles, le derrière posé sur une chaise confortable.
Avant l'étape il me reste treize kilomètres, trois petites heures en accélérant le pas. Porté par l'esprit du chemin mon allure est soutenue, Perdo cinquante mètres devant donne le rythme et je sens le souffle de Pat cent mètres derrière. A l'occasion d'un virage ou d'un lacet on voit Françoise qui tranquillement continue son parcours parfois seule mais souvent accompagnée par d'autres marcheurs. En deux heures et demi nous avalons cette dernière partie de l'étape et à l'heure prévue pour le déjeuner la pancarte Los Arcos nous accueille sous un soleil enfin revenu.
Cet après midi, tranquillement allongé sur le lit à l'heure de la sieste, je me remémore cette petite aventure de cinq jours. Sans l'avouer et même sans en parler je crois que nous sommes tous satisfaits, surpris et heureux d'avoir réussi ce qui au départ était d'abord un test physique. Nous ne sommes pas de grands sportifs et même si nous avons une condition physique acceptable affronter 125 kilomètres de chemin s'apparente à un saut dans l'inconnu. Et puis au fil des jours nous avons découvert l'envoutement du camino et le désir de continuer malgré le mauvais temps. Chacun a découvert sa motivation profonde, son petit défi intérieur pour minutes après minutes mettre un pied devant l'autre et recommencer après chaque ravitaillement mais aussi chaque matin quelque soit l'état du ciel.
Mon seul regret est de devoir arrêter, je me sentais bien et prêt à continuer comme le plongeur toujours curieux d'aller voir ce qu'il y a plus profond ou l'alpiniste désireux de découvrir ce qu'il y de l'autre coté de la montagne. Quand je suis parti même si comme tous les pèlerins marcheurs je connaissais le nom de la destination finale je ne savais pas trop où j'allais, aujourd'hui je crois savoir pourquoi et comment j'y vais et je suis frustré de devoir arrêter si vite alors que tout pousse à continuer. Bien sur on se dit qu'on repartira l'an prochain, mais demain est un autre monde et je ne sais pas si je retrouverai la motivation qui m'habite à l'instant. J'espère que oui sans avoir besoin de tout reprendre à zéro, mais je ne suis pas certain qu'il suffise de se mettre au bord d'un chemin, à coté du panneau Los Arcos pour que l'histoire reprenne là où nous venons de la terminer............
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